Septième vitrail intitulé "Philippe-Auguste bénit ses soldats et prie avant de commencer la bataille". Extrait de la notice rédigée à la fin du XIXème siècle par l'historien Henri DELPECH, à l'intention des artistes verriers.
"Tandis
que Philippe-Auguste surveillait de près le déploiement des lignes ennemies,
notre armée se formait en bataille en arrière de son Souverain et en face des
Coalisés. Quand les deux armées furent rangées face à face en deux lignes
droites parallèles, elles se regardèrent un instant, sans se combattre.
Philippe-Auguste,
quittant sa position avancée, se retourna alors vers ses propres troupes et les
aborda par leur centre. Les Français étaient formés, l’infanterie au
premier rang, la cavalerie au second, en sorte que le Roi, tournant le dos à
l’ennemi, avait en face de lui un amphithéâtre de tètes françaises.
Il
était lui - même très visible pour tous ses soldats, d’abord parce qu’il
était fort grand, et monté sur un cheval de grande taille, puis parce que
notre front de bataille n’avait que deux mille pas de longueur et que, le Roi
étant au centre, les hommes les plus éloignés n’étaient qu’à mille pas
de lui.
En
ce moment, Philippe-Auguste adressa à ses troupes quelques phrases courtes,
coupées, empreintes d’un grand caractère de sincérité et d’émotion :
"Voyez-vous
ces hommes, leur disait-il, en leur montrant les riches armures des ennemis,
tout cet argent, ils l’ont arraché
aux églises et aux larmes des pauvres. Sur leur tête pèse la malédiction de
Dieu. Il est vrai, nous ne sommes que des pécheurs, mais si c’est la volonté
du Ciel de nous confier sa défense ! ... Nous, nous
sommes en paix avec lui et nous défendons notre patrie !
Puis,
le Roi enjoignit à son chapelain qui le suivait de réciter tout haut des prières.
Le moine essaya, mais il ne put pas. Les sanglots étouffaient sa voix. L’émotion
gagna nos soldats. Quelques-uns interpellèrent Philippe-Auguste pour lui
demander de les bénir avant qu’ils allassent mourir.
Le
Roi y consentit. Il éleva ses deux bras vers le Ciel et resta un instant
immobile, priant à voix basse. Alors, disent les Chroniqueurs, un grand silence
se fit ... puis le Souverain abaissa ses mains sur les têtes de ses soldats et
les bénit. Aussitôt après, les trompettes royales sonnèrent la charge.
Il
est superflu d’ajouter qu’on voudrait que l’artiste choisît, pour peindre
cette scène grandiose, le moment où Philippe-Auguste, les yeux et les deux
bras au Ciel, prie en silence, où le rang des fantassins s’agenouille ; où
les cavaliers, postés au second rang, s’inclinent sur le cou de leurs chevaux
; où les trompettes royales, le bras levé, leur instrument près des lèvres,
attendent le geste de bénédiction pour donner le signal de mort.
Cela se passait à midi, par un soleil resplendissant, en présence de l’oriflamme portée par l’infanterie, du pennon royal tenu par la cavalerie, tous les deux au centre de la ligne, en face du Souverain."
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