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janvier - Innocent jette l'interdit sur le royaume d'Angleterre et excommunie Jean pour ses crimes contre l'église. Jean menace les romains de leur crever les yeux et de leur couper le nez.

Profitant de la situation pour se réconcilier avec le Pape, Philippe Auguste décide de reprendre Ingeburge et de lui rendre son titre de reine (après 20 ans de captivité)

Guérin confère un canonicat à Senlis à Guillaume le Breton

Destruction du château Belle-Maison appartenant à Siger.

8 avril (lendemain du dimanche des Rameaux) - Assemblée de Soissons pour préparer la campagne contre l'Angleterre à la demande du pape. Les 5 princes de la Maison royale sont présents, dont les frères Jean de Dreux dit de Braine, comte de Mâcon et de Vienne en Dauphiné, Pierre duc de Bretagne, Robert de Dreux Gâte-Blé et leur père le comte Robert avec Philippe, évêque de Beauvais.  Innocent III vient de charger la France d'exécuter la sentence d'excommunication "pour la rémission des péchés de Jean" (donc esprit d'une croisade). Il s'y trouve entre autres seigneurs, le comte de Flandre Ferrand et Henri IV, duc de la Basse Lorraine, c'est-à-dire de Brabant, qui n'était pas vassal du roi. Henri est venu à la cour pour traiter de son mariage avec Marie de France, veuve de Philippe comte de Namur. Le roi lui fait épouser Marie après les fêtes de Pâques (contrats rédigés entre le 1er et le 13 avril), et l'assure qu'en cas de réussite de l'expédition en Angleterre, il lui remettra certaines terres sur lesquelles le duc a des prétentions. Louis, pour sa part, se voit promettre la couronne d'Angleterre. 

Ferrand exige la restitution d'Aire et de Saint-Omer. Philippe refuse car ces deux places font partie du comté d'Artois donné en apanage à son fils Louis. Il lui propose un dédommagement et d'autres places en échange. Ferrand refuse. 

19 avril - 4ème concile du Latran

22 avril - Mariage Henri de Louvain et Marie de France (fille de Philippe Auguste) que Philippe de Namur vient de laisser veuve. Henri est le beau-père d'Otton auquel il a donné la fille née de son premier mariage.

Innocent III ne désespérant d'arranger l'affaire du siège de Canterbury charge son légat Pandolphe d'une négociation avec Jean Sans Terre.

30 avril - Hugues de Boves et 63 chevaliers s'embarquent à Winchelsea sous les yeux de Brian de l'Isle

10 mai - concentration générale des troupes à Boulogne. Philippe s'y trouve avec sa Maison royale.

13 mai - Craignant un nouvel Hastings, Jean sans Terre jure publiquement sa paix avec le pape entre les mains du légat, dans la maison des Templiers de Douvres, et s'engage à lui devoir foi et hommage-lige pour tout son royaume et à lui abandonner le denier de St-Pierre. Quatre comtes prêtent le même serment : Guillaume de Salisbury, Renaud de Boulogne, Guillaume comte de Varenne, et Guillaume comte de Ferrières. Guillaume de St-Omer et Raoul Romain partent pour Rome chargés d'annoncer à Innocent III la soumission de Jean Sans Terre.

22 mai - Alors qu'il s'apprête à embarquer pour l'Angleterre, à Gravelines, Philippe Auguste apprend la soumission de Jean sans Terre, de la bouche même du légat Pandolphe. Le roi est furieux, car il doit renoncer à son entreprise. Il convoque le comte de Flandre pour le sommer de s'expliquer sur son absence à Gravelines. Ferrand commet l'erreur de ne pas répondre, alors qu'il est vassal du roi de France.

23 mai - La flotte capétienne quitte Boulogne pour Dam, près de Bruges. Guillaume le Breton se trouve sur l'un des bateaux de la flotte. Philippe prend Cassel, Hazebrouck, Steenvoorde, Ypres, Bruges, Audenarde, Cambrai, Douai, Tournai et assiège Gand. Ferrand demande merci. 

24 mai - Ferrand envoie Baudouin de Nieuport demander la protection des Anglais.

A Lille, le fort des Reignaux est mis en chantier et une fortification est érigée à Erquinghem-Lys. Puis Philippe rentre en France, après avoir nommé Gérard Scrophe, commandant de la place de Sainghin en Mélantois (dit la Truie, en raison de l'équivalent latin de son patronyme : scrofa). 

Le fort des Reigneaux est construit sur l'emplacement compris entre le la rivière du marché-au-fil-de-lin, le contour St-Maurice, et la place des Reigneaux. Il est bâti en pieux et palissades chevillés et croisés ; une porte donne du côté de la ville et une autre vers l'extérieur. Philippe y laisse une garnison que commande le prince royal Louis, Gautier comte de St-Pol, et plusieurs de ses braves chevaliers.

Ferrand se réfugie sur les îles Zélande et demande le secours de Jean sans Terre. Baudouin de Nieuport, son émissaire, débarque à Sandwich et se rend chez plusieurs seigneurs flamands ayant pris du service auprès de Jean : Robert de Béthune, Guillaume de Saint-Omer, Gilles Bertaus, Adam Kéret, Henri de Bailleul, et Walo de la Capelle.

28 mai - Jean envoie aussitôt une flotte avec Guillaume de Salisbury, Renaud, Hugues de Boves, Brian de l'Isle et les flamands qui sont en Angleterre. La flotte anglaise compte 700 chevaliers avec sergents à pied ou à cheval. Des centaines de nefs françaises sont capturées.

 30 mai - Philippe Auguste quitte la Flandre après avoir brûlé Dam. En raison du faible vent, la flotte anglaise arrive ce même jour à 2 lieues de Dam. Cette dernière est défendue par le comte de Soissons, Savari de Mauléon, et Albert Hangest, avec 240 chevaliers et 10000 routiers aux ordres de Cadoc.

31 mai - Ferrand jure d'aider Jean Sans Terre et ne faire ni paix ni trêve avec Philippe Auguste sans lui et sans Renaud.

mai - Philippe confie à Gérard la Truie la garde de la motte et de l'enceinte de Sainghin-en-Mélantois qui surveille l'entrée de la châtellenie à Pont-à-Bouvines. Le Roi protége ainsi sa retraite par un soutien logistique à mi-route de Lille, là où les marais sont les moins larges et les risques de cacher une embuscade les moins grands. Le passage par Tressin et Ascq n'était pas sûr. L'attaque des troupes royales depuis les maisons fortes des marais d'Annappes, dont la motte de Quiquempois appartenant à Gilbert de Bourghelles, était redoutable. Et Lille restait fidèle au comte : le choix du passage de la Marque à Bouvines s'imposait.

fin mai à courant juin - Gérard La Truie quitte Sainghin en Mélantois pour Péronne car Louis, le fils du roi, a rappelé à Tournai des habitants de cette ville qui en étaient bannis et avec lesquels Gérard s'était brouillé.

1er juin - Philippe parvient à repousser les coalisés et quitte le siège de Gand, après avoir détruit le reste de sa flotte. La flotte ennemie se regroupe sur l'île de Walcheren. Le roi rentre à Paris. Au passage, il prend Lille après un siège de 3 jours et y laisse une garnison commandée par Louis, avec le maréchal Henri Clément et le comte de Saint-Pol. Puis il prend Douai.

9 juin - Jean Sans Terre sûr de la défection d'Henri de Louvain (qui vient d'épouser la fille de Philippe Auguste) ordonne aux vicomtes de Norfolk et de Suffolk de saisir ses terres et enjoint Henri de comparaître le 25 juin devant lui. Henri ne se rend pas à la convocation. Les revenus de ses domaines sont en conséquence attribués à Guillaume de Salisbury, et les baillis des Cinq Ports reçoivent l'ordre d'arrêter les marchands venus de ses états.

13 juillet - Jean Sans Terre distribue argent et or aux nobles flamands. Une charte de Jean scellée le 13 juillet ordonne de verser 20 marcs d'argent à Gilbert de Bourghelles.

Les flamands se rassemblent à Courtrai. Arnoul de Landas, Philippe de Maldeghem, et le sire de Woestine sont chargés de retrouver le comte de Flandre, Ferrand. Ils se rendent à Nieuport où se trouve Robert de Béthune. Arrivés en l'île de Walcheren, ils trouvent Ferrand, Renaud et le comte de Hollande, Guillaume de Frise, dit "le Velu". Apprenant que Philippe Auguste était rentré en France, tous décident de regagner la Flandre. 

Deux jours après, ils débarquent à Dam. Ferrand reprend Bruges et Gand. Il apprend à Gand que Philippe a laissé garnison à Lille et à Douai et que les français projettent de détruire Courtrai. Il quitte Gand, passe par Dronghem afin de mettre la Lys entre eux et les Français. Arrivés à Deynze, ils découvrent Courtrai en flammes. Philippe de Woestine et Daniel de Malines (ou de Marquillies, frère d'Eustache) ont été faits prisonniers. Guillaume le Breton est présent à la prise de Courtrai.

Ferrand gagne alors Ypres qu'il fortifie et dote de provisions. Cela fait, il assiège la forteresse d'Erquinghem-Lys 15 jours, défendue par Roger le châtelain de Lille.

13 septembre - Bataille de Muret - Victoire de Simon de Montfort.

Ferrand revient à Ypres puis décide quelques jours plus tard de prendre Lille. Louis n'y est plus. Après 4 jours de tentatives infructueuses, Ferrand se replie sur Ypres.  Ferrand y concentre des troupes plus nombreuses et envoie le prévôt de Saint-Omer et Emmanuel de la Lande demander du secours au roi d'Angleterre. Alard de Bourghelles est fait prisonnier.

21 septembre - Accord d'aide de Jean Sans Terre.

29 septembre - Arrivée des renforts à Ypres, avec Salisbury et Hugues de Boves. Ferrand se dirige vers Tournai, après être passé par Mortagne. Gérard la Truie quitte Péronne pour prévenir les Tournaisiens, à la demande de Philippe Auguste. Il arrive trop tard cependant. Les murailles de la ville sont détruites et la ville est prise et brûlée. L'évêque de Tournai lance une sentence d'excommunication contre Ferrand, pour avoir pris ce qui était du droit de l'église. 
Gérard parvient à s'enfuir grâce à la protection de l'un de ses amis, Rasse de Gavre. Il gagne Lille et fait son rapport au maréchal Clément qui vient d'arriver avec 300 chevaliers et à Gautier de Châtillon. Les français arrivent trop tard à Tournai, Ferrand est déjà parti, après n'y être resté que neuf jours. Les Tournaisiens se réfugient à Lille et le maréchal Clément détruit la forteresse de Mortagne pour punir Evrard Radoul de sa trahison. Puis, Louis est rappelé par son père.

- 30 septembre - Ferrand revient assiéger Lille. Louis est parti. Il y reste 200 chevaliers commandés par Brice des Barres, et les nobles lui ouvrent ses portes (troupes rappelées à l'approche de l'hiver). Brice des Barres et ses 200 chevaliers s'enferment dans le fort des Reigneaux. Philippe Auguste, transporté de colère, accourt et détruit la ville de Lille. Le sac de la ville dure 3 jours. Ferrand, malade, parvient à peine à s'échapper et se réfugie à Gand. Gautier de Châtillon punit Evrard Radou, châtelain de Mortagne.
Le roi de France fait démolir le château des Reignaux et détruire la forteresse d'Erquinghem, dont les flamands étaient parvenus à s'emparer, ainsi que le donjon de Cassel. Puis, afin de se préparer à combattre la coalition qui se forme outre Rhin, il rentre à Paris en passant par Douai où il laisse une forte garnison, avec Gérard la Truie.

13 octobre - Jean Sans Terre reprend en fief du pape les royaumes d'Angleterre et d'Irlande.

21 novembre - Philippe Auguste conclut un accord avec la comtesse de Champagne.

novembre - Eudes duc de Bourgogne vient en Dauphiné et fait épouser Amaury de Montfort à sa nièce Béatrice d'Albon.

25 décembre - Ferrand va en Angleterre et prête serment de fidélité à Jean. L'accompagnent Arnoul d'Audenarde, Rasson de Gavre, Gilbert de BOurghelles et Gérard de Sotenghien.

26 décembre - Ferrand touche terre à Sandwich. Une conférence a lieu le soir même, à Canterbury, avec Jean Sans Terre, en présence de Robert de Béthune et Baudouin d'Aire, ainsi que différents représentants de la coalition. Jean évoque son plan pour vaincre Philippe Auguste. La coalition serait divisée en deux armées. La première, commandée par Jean sans Terre, débarquerait à la Rochelle et monterait sur Paris, afin d'attirer le capétien au sud de la capitale. Une fois cette manœuvre réussie, Otton attaquerait par le nord, avec le renfort des boulonnais, des flamands, des hennuyers, des lorrains et des frisons. L'armée capétienne serait ainsi prise en étau et la victoire serait quais certaine. Le plan est approuvé et, le lendemain, on s'abandonne aux libations

Probablement cette année-là - Enguerrand de Coucy épouse Marie de Montmirel obtenant ainsi les seigneuries de Montmirel, d'Oisy, de Crèvecoeur, des Fertez Ancoul et Gaucher, ainsi que la vicomté de Meaux et la châtellenie de Cambrai.